Pour quelle mobilité ?
Les routes permettent-elles d’arriver ou bien de partir ? C’est en substance la question que pose Paolo Cogneti dans l’un de ses ouvrages : « Il est né dans un hameau de montagne auquel on accédait à pied, avant que la route n’arrive. Un jour, il m’avait dit “quand on voit arriver la route, on se dit toujours que cela fera venir puis on comprend que c’est fait pour partir.“ ». Ce court extrait(1) résume précisément la complexité de la mobilité dans tous ces enjeux:
L’enjeu corporel de la mobilité est pour moi celui qui conditionne tous les autres. Parce que nous vivons comme nous nous déplaçons, le mouvement qu’induit la mobilité(2) fait partie de notre condition. Pour le montagnard et l’urbain que je suis, la mobilité est avant tout enracinée à notre corps(2).
L’enjeu territorial rappelle qu’il n’y a pas de mobilité qui ne soit pas d’emblée spatiale. Les solutions doivent donc répondre au mieux aux besoins spécifiques des territoires qu’ils soient urbains, périurbains ou peu denses.
L’enjeu technologique ouvre la voie d’une mobilité augmentée. Elle s’incarne dans les innovations et les nouveaux usages qu’offrent les ITS (Systèmes de Transports intelligents) et dans le numérique qui nous fait entrer dans la production et l’échange de données.
L’enjeu social déplace la mobilité hors du champ des transports pour la propulser dans le cadre des inégalités qu’elles soient sociales, économiques, territoriales ou cognitives. La mobilité est un droit, mais nous sommes loin d’être tous égaux face à la mobilité.
L’enjeu environnemental, enfin, et qui infuse tous les autres, nous oblige à penser une mobilité durable dans une société post carbone.
Aucun de ces enjeux ne doit être appréhendé isolément les uns des autres. Seule une approche systémique de la question mobilitaire peut apporter une compréhension et des réponses concrètes aux besoins de demain.
C’est ma vision de la mobilité.
(1) Sans jamais atteindre le sommet. Paolo Cognetti. Stock 2019
(2) David Le Breton. Edition Métaillé 2012