Le quartier ? Nom masculin, environs immédiats dans une ville du lieu où on se trouve, selon la définition du Larousse. Dans son ouvrage Espèces d’espaces, Georges Perec propose une description originale du quartier : partie de la ville dans laquelle on n’a pas besoin de se rendre, puisque précisément on y est.
Avec Espèces d’espaces, publié en 1973, Georges Perec examine son rapport à l’espace dans toutes les dimensions. Il questionne, en les décrivant, les différents espaces urbains ( l’immeuble, la rue, le quartier, la ville…).
Après avoir consacré le post d’hier à la rue, C’est quoi une rue demain ? ( Espèces d’espace- 1/3), je vous propose aujourd’hui de scruter un autre espace : le quartier. La question pour Georges Perec n’est pas d’inventer le quartier, encore moins de le réinventer mais de l’interroger.
Voici quelques extraits sans mise en perspective, juste pour le plaisir de la lecture et pour se demander à quoi pourrait ressembler un quartier demain.
Espèces d’Espaces : « Le quartier ». Georges Perec. P 113. Ed Galilée
Le quartier. Qu’est-ce que c’est qu’un quartier ? T’habites dans le quartier ? T’es du quartier ? T’as changé de quartier ? T’es dans quel quartier ? Ca a vraiment quelque chose d’amorphe, le quartier : une manière de paroisse ou, à strictement parler, le quart d’un arrondissement, le petit morceau de la ville dépendant d’un commissariat de police …
Plus généralement ; la portion de la ville dans laquelle on ne se déplace facilement à pied ou, pour dire la même chose sous la forme d’une lapalissade, la partie de la ville dans laquelle on n’a pas besoin de s’y rendre, puisque précisément on y est.
Cela semble aller de soi ; encore faut-il préciser que, pour la plupart des habitants d’une ville ; cela a pour corolaire que le quartier est aussi la portion de la ville dans laquelle on ne travaille pas : on appelle son quartier le coin où on réside et pas le coin dans lequel on travaille et les lieux de résidence et les lieux de travail ne coïncident presque jamais : cela aussi est une évidence, mais ses conséquences sont innombrables.
( … ) Je n’ai qu’une très idée approximative de ce qu’est un quartier. Il est vrai que j’en ai pas mal changé : je n’ai pas eu vraiment le temps de m’y faire. Je me sers peu de mon quartier. C’est seulement par hasard que quelques-uns de mes amis vivent dans le même quartier que moi. (…)
(…) Pourquoi ne pas privilégier la dispersion ? au lieu de vivre dans un lieu unique, en cherchant vainement à si rassembler ?