Nous ne pourrons jamais expliquer ni justifier la ville. La ville est là. Elle est notre espace, nous n’en avons pas d’autre, écrit Georges Perec dans son ouvrage Espèces d’espaces.
Après avoir consacré un post à la rue : C’est quoi une rue demain ? ( Espèces d’espace- 1/3), puis un autre au quartier : C’est quoi un quartier demain ? ( Espèces d’espace . 2/3), je vous propose de terminer cette série de réflexion sur l’espace, par la ville. Avec Espèces d’espaces, publié en 1973, Georges Perec examine son rapport à l’espace dans toutes les dimensions. Il questionne, en les décrivant, les différents espaces urbains ( l’immeuble, la rue, le quartier, la ville…). Voici quelques extraits sans mise en perspective, juste pour le plaisir de la lecture et pour se demander à quoi pourrait ressembler la ville demain.
Espèces d’Espaces : « La ville ». P 119. Ed Galilée. Georges Perec
(…) Une ville : de la pierre, de béton, de l’asphalte. Des inconnus, des monuments, des institutions. Mégalopoles. Villes tentaculaires. Artères. Foules. Fourmilières?
Qu’est-ce que le cœur d’une ville? L’âme d’une ville? Pourquoi dit-on qu’une ville est belle ou qu’une ville est laide? Qu’y a-t-il de beau et qu’y a-t-il de laid dans une ville ? Comment connait-on sa ville ?
(…) Nous ne pourrons jamais expliquer ni justifier la ville. La ville est là. Elle est notre espace, nous n’en avons pas d’autre. Nous sommes nés dans les villes. Nous avons grandi dans les villes. C’est dans les villes que nous respirons. Quand nous prenons le train, c’est pour aller d’une ville à une autre. Il n’y a rien d’inhumain dans une ville, sinon notre propre humanité.
Essayer d’imaginer ce que deviendra Paris :
Paris deviendra le jardin d’hiver; -espaliers à fruits sur le boulevard. La Seine filtrée et chaude, abondante de pierres précieuses, factices, – prodigalité de la dorure -éclairage des maison- on emmagasinera la lumière, car il y a des corps qui ont cette propriété, comme le sucre, la chair de certains mollusques et le phosphore de Bologne. On sera tenu de faire badigeonner les façades des maisons avec de la substance phosphorescente et leur radiation éclairera les rues.
Gustave Flaubert, Brouillons de Bouvard et Pécuchet, plan final. Pléiade, II, 986.