90% de l’énergie consommée par Paris est aujourd’hui produite en dehors de la ville. La mairie souhaite réintroduire la production d’énergie sur son territoire. Au programme : énergie solaire, géothermie, hydrothermie, et récupération des énergies fatales.
« Partout ou c’est possible nous allons recourir aux ressources du territoire, (…) C’est un changement radical dans la façon dont on conçoit la question énergétique à la Ville de Paris », a déclaré la semaine dernière Anne Hidalgo, Maire de Paris, lors d’une conférence de presse, consacrée à la présentation de son plan d’actions 2015-2020 pour la transition énergétique de Paris.
« Cela implique de passer de l’ère de la production centralisée à celle d’un mix énergétique, produit et régulé au niveau local grâce à des réseaux intelligents. C’est un changement profond, à l’image d’une troisième révolution industrielle. Paris doit réussir à créer ces espaces de production et de respiration au cœur de son tissu urbain, qui est le plus dense d’Europe. Cela implique de penser autrement les aménagements, pour construire un nouveau métabolisme », explique la mairie de Paris.
Comment produire de l’énergie locale? Afin de réintroduire la production d’énergie sur son territoire, la ville de Paris compte s’appuyer sur les énergies renouvelables, le photovoltaïque, la géothermie, l’hydrothermie et la récupération d’énergie. La Ville de Paris a constitué une première liste de 25 sites qui vont faire l’objet de tels aménagements. Certains travaux ont débuté dès 2015.
Le solaire
La mairie de Paris a identifié 100 000 m2 de surfaces potentielles de panneaux solaires et rappelle que 50 000 m2 de panneaux solaires sont notamment déjà déployés dans les différents arrondissements. «Grâce à un ensoleillement moyen de 975 kWh/m²/an, les bâtiments parisiens peuvent produire de l’eau chaude et de l’électricité utilisés ensuite pour les usages de leurs occupants. »
Géothermie
La ville entent aussi recourir à la géothermie et ainsi capter l’énergie du sous-sol pour alimenter les réseaux de chaleur et de froid d’immeubles. «Les sous-sols de la capitale regorgent d’énergie exploitable, pour la production de chaleur et de froid au niveau d’un bâtiment, voire d’un quartier tout entier ». 100 sites potentiels de géothermie ont été identifiés, représentant jusqu’à 150GWh.
L’hydrothermie
L’hydrothermie, consiste à prélever l’énergie d’un cours d’eau (calories ou frigories suivant les périodes de l’année). La mairie propose d’alimenter les réseaux de chaleur et de froid de la Ville à partir de la Seine et des réseaux d’eau potable et d’eau non potable.
Les énergies fatales
Il s’agit de récupérer les énergies produites par différents systèmes qu’il s’agisse de data center, de systèmes de ventilation, de flux de matières de déchets, de réseau d’assainissement. 170 dispositifs de récupération potentielle des eaux grises (égouts, etc) ont été identifiés.
La Ville de Paris a constitué une première liste de 25 sites qui vont faire l’objet de tels aménagements. Certains travaux ont débuté dès 2015.
Six exemples d’opérations emblématiques présentés par la ville de Paris
Récupération de la chaleur sur un data center à la piscine Butte aux Cailles (13e).
La mairie souhaite soumettre au Conseil de Paris l’adoption d’un dispositif consistant à autoriser l’installation d’un data center dans une zone dédiée de la piscine en contrepartie de la fourniture d’énergie issue de ses activités pour réchauffer l’eau du bassin. Le titulaire du marché bénéficiera d’une zone dédiée dans le sous-sol du bâtiment pour installer ses serveurs informatiques. En échange, il mettra en place le système de récupération de la chaleur émise par son activité et le connectera aux installations thermiques de l’équipement.
- 100 MWh/an seront couverts dès 2016 par cette nouvelle source d’énergie.
Utilisation des « ressources cachées » de l’Hôtel de Ville (4e).
Le retour des eaux chaudes du réseau de chauffage urbain (température moyenne 65°C), le réseau des eaux usées avant l’égout (17°C) et les circuits de refroidissement des groupes froids (12°C) vont contribuer à chauffer le bâtiment à partir de cet hiver. La dissipation dans le réseau d’eau non-potable (ENP), exploité par Eau de Paris, permettra elle la production d’eau glacée pour rafraichir les bureaux pendant l’été.
- 30% des besoins en chaud couverts dès 2015 par la récupération
- 44% de la consommation électrique économisés dès 2015 pour la production de froid
- 25% de réduction des émissions de CO2, soit plus de 250 tonnes par an
Installation de pieux de géothermie dans le cadre de l’opération Bédier (13e).
Le quartier Joseph-Bédier – Porte d’Ivry est l’un des 11 sites du Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU) engagé par la Ville de Paris. Ce projet comporte notamment des immeubles de bureaux. Une étude a conclu à la possibilité de faire reposer leurs fondations sur des pieux géothermiques. Couplés à une pompe à chaleur, ils capteront l’énergie du sous-sol pour les besoins de chauffage et de rafraîchissement du bâtiment
- 83% des besoins de chaud et 97% des besoins de froid du bâtiment seront couverts dès 2017 par cette source d’énergie.
Récupération de la chaleur des égouts à la piscine Aspirant Dunant (14e).
La Ville installe un réseau caloporteur d’eau glycolée, qui partira de l’échangeur en égout jusqu’au local technique de la piscine. Une pompe à chaleur, d’une puissance de 80 kW, produira ainsi de l’eau chaude à 40°C.
- 30% de réduction des émissions de CO2 dès 2016, soit 46 tonnes par an
Migration du datacenter de la Ville à Chapelle International pour récupérer sa chaleur (18e).
La Ville va faire migrer son datacenter, actuellement loué à un prestataire, vers l’hôtel logistique Chapelle International. Ce site sera conçu pour être exemplaire en matière d’efficacité énergétique, en ayant recours à des équipements performants, tout en optimisant les flux d’air et d’énergie pour limiter les consommations. La chaleur produite servira au chauffage de serres d’agriculture urbaine implantées à proximité. Mise en œuvre fin 2018.
Un appel à projet « solaire » pour les toits parisiens.
La Ville travaille à un dispositif qui encouragera la production d’énergie solaire sur son territoire par des acteurs privés, sous la forme d’un appel à projet. Il reposera sur la mise à disposition de toits de bâtiments publics, afin d’y développer des panneaux photovoltaïques.