La mobilité est un préalable indispensable à l’accès à l’emploi. C’est le constat sans appel du Rapport annuel sur la pauvreté en France publié par le Secours Catholique.
Comment avoir une vie sociale quand on n’a ni véhicule ni transports en commun? interroge le Secours Catholique. «Bon nombre de personnes rencontrées au Secours Catholique s’épuisent à chercher des moyens de se déplacer ». Le rapport annuel sur la pauvreté en France mesure l’impact de cette perte d’autonomie sur les plus fragiles. La France compte entre 6 et 8 millions de précaires de la mobilité et jusqu’à 20 % des adultes en âge de travailler ont du mal à se déplacer.
Menée auprès de 4 355 personnes cette étude révèle un net décrochage en termes de mobilité entre les “actifs précaires” (adultes de moins de 60 ans aidés par le Secours Catholique) et le reste de la population.
« Les deux-tiers des actifs précaires interrogés sont sans emploi (chômeurs, RSA, sans-papiers). La moitié seulement ont le permis de conduire, 25 % de moins que les « actifs non précaires » et 20 % de moins que les personnes précaires de plus de 60 ans. Les générations précédentes, même précaires, étaient donc plus mobiles ».
Selon cette enquête, 56% des bénéficiaires de moins de 60 ans n’ont pas de voiture. L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale a estimé que pour un revenu de 1.000 euros, le budget voiture était de 300 euros par mois.
Le manque de mobilité entraîne des difficultés d’accès à l’emploi, un manque d’accès aux soins, des difficultés administratives, un manque de choix dans l’alimentation, et un manque de loisirs et de culture, la vie sociale est le premier domaine touché par les restrictions de mobilité.
Moins de mobilité plus d’isolement
Le graphique ci-dessous montre la fréquence des contraintes selon le domaine et le type de personnes.
« Le premier domaine de contrainte est la vie sociale : rendre visite à des membres de la famille ou à des amis est difficile quand ils habitent loin. Toutes les catégories sont touchées dans ce domaine, les personnes de référence les plus âgées un peu moins que les autres. Presque aussi souvent mentionnées, les restrictions pour faire les courses : le développement de centres commerciaux pratiquant des prix attractifs en périphérie des villes et la disparition des petits commerces de proximité modifient les habitudes dans ce domaine. Beaucoup de centres commerciaux ne sont accessibles qu’en voiture ».