Pour grandir faut s’agrandir et c’est ce que font Apple, Google et Facebook. Les trois géants de la Silicon Valley développent tous des « projets d’extension de campus ». Il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’ ils créent leur propre ville. Des villes entreprises pour le bien être des salariés ? Pas seulement, ils dressent dans le même temps les bases d’un projet politique, d’ une nouvelle gouvernance, d’un nouveau pouvoir.
Il y a deux semaine Google présentait son nouveau campus, situé sur son siège historique de Mountain View. Un projet modulaire et éco-responsable. Les activités seront regroupées sous d’immenses dômes de verres : ici le projet en image
Pendant ce temps, le chantier colossal du futur siège social d’Apple avance. Conçu par le cabinet d’architectes britannique Foster + Partners, le bâtiment baptisé Campus 2, ressemble à une immense soucoupe volante de de 260 000 mètres carrés. Installé à Cupertino, en Californie il devrait être terminé courant 2016 Vidéo du projet ici
Enfin Facebook, a confié l’extension de son campus à l’architecte Frank Gehry, qui a notamment conçu le musée Guggenheim de Bilbao et, plus récemment, la fondation Vuitton à Paris. La construction a débuté en 2013. Le bâtiment de 40.000 mètres carrés pourra accueillir près de 3.000 employés. Le réseau social s’est aussi associé avec un promoteur local pour bâtir une ville à proximité de ses bureaux. En savoir plus ici sur le projet Zee ville »
Vers une ubérisation de la gouvernance des villes ?
Certes, ces trois projets façonnent tous un nouvel urbanisme, tous utilisent les ingrédients de la smart city : ( éco-construction, production d’énergie, nouvelles mobilités, usage du numérique). Tous ont également pour objectif de soutenir la croissance de l’activité des groupes en accueillant toujours plus de salariés. Mais en faisant vivre et travailler les salariés dans un même espace, dans une même ville, les trois géants de la Silicon Valley cherchent surtout à créer une même communauté de citoyens à expérimenter une nouvelle gouvernance et pourquoi pas demain ( ou plus tôt après demain) à présenter des candidats Google, Apple ou Facebook aux élections locales ?!
« En construisant, leur propre ville respectivement à Mountain View et à San Francisco Google et Facebook vont plus loin en jetant les bases d’un projet politique, au sens propre. Ces cités constituent les prodromes de l’« ubérisation » suprême : celle de l’Etat », explique Olivier Babeau professeur à l’université de Bordeaux dans une très intéressante tribune publiée dans les Echos et intitulé « Et maintenant, vers l’ubérisation de l’Etat lui-même ? A lire ici