L’étude baptisée Usages novateurs de la voiture et nouvelles mobilités est publiée par le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (Pipame) rattaché au Ministère l’Economie (DGE). Cette étude s’intéresse aux usages novateurs de l’automobile que sont l’autopartage, le covoiturage et souligne notamment que les formes de partage aujourd’hui en fonctionnement se sont développées là où il était à la fois le plus facile et le moins nécessaire de le faire.
L’étude dresse un état des lieux de ces usages novateurs de la voiture et explore les conditions et les conséquences d’un développement à grande échelle des offres. Portés par les technologies du numérique, « ces nouveaux services sont susceptibles de transformer profondément les pratiques de mobilité, tout en modifiant les rapports entre les acteurs – nouveaux et traditionnels – qui contribuent à les mettre en œuvre » expliquent les auteurs de l’étude.
L’étude propose un examen détaillé de la situation des ménages pour répondre à leurs impératifs de déplacement, sur la base de critères de densité démographique et de pouvoir d’achat et souligne l’existence d’un « réservoir de demande » pour ces services de mobilité.
L’étude souligne notamment que les formes de partage aujourd’hui en fonctionnement se sont développées là où il était à la fois le plus facile et le moins nécessaire de le faire.
Les entretiens réalisés auprès des différents acteurs montrent que ces services ont d’abord cherché à faire décoller les offres là où il y avait le plus de chances que cela marche, c’est-à-dire en agglomération dense, et que toutes les tentatives de sortir de ce spectre se sont soldées par des échecs. Dès lors, là où le monopole de l’automobile et la dépendance des ménages vis-à-vis d’elle est la plus forte, peu de choses ont été entreprises.
De la même manière, le covoiturage a pu se développer là où il était facile qu’il le soit, c’est-à-dire, sur les longues distances, là où le transport public existe mais est plus coûteux et là où les taux d’occupation des véhicules particuliers sont déjà relativement élevés. En revanche, sur les courtes ou moyennes distances, sur le domicile-travail et/ou sur la part majeure des déplacements qui sont effectués pour d’autres motifs, le développement des offres reste encore très limité.
L’étude examine ensuite au moyen de différents scénarios les potentialités économiques et environnementales d’un essor et d’une diffusion territoriale de ces services.
L’étude envisage trois scénarios :
Scénario 1 : « Enrichissement de l’offre intermodale ». Par l’acceptation et l’introduction des nouveaux services, le couple pouvoirs publics/transports publics se donne les moyens d’atténuer l’emprise du « tout automobile ». Ces nouveaux services, certes liés à l’usage de la voiture, s’insèrent en fait dans un ensemble plus vaste de solutions de mobilité suivant des critères modulables. La complémentarité entre les différents modes de transport finit par gagner du terrain sur l’unicité du recours à la voiture.
Scénario 2 : « Annexion des nouvelles mobilités ». Ce scénario « continuiste » considère les nouveaux usages de l’automobile comme un enrichissement ou une complexification de systèmes d’usages et d’offres automobiles. Les acteurs traditionnels de la filière automobile sont proactifs et viennent compléter et crédibiliser les solutions développées par les nouveaux entrants.
Scénario 3 : « Partage généralisé et numérisé ». L’ensemble des plateformes existantes deviennent dominantes. Les acteurs traditionnels de la filière automobile et les opérateurs de transports publics doivent s’adapter et connaissent des recentrages fondamentaux de leurs activités.
Dans l’ensemble les scénarios envisagés confirment, à des degrés divers, l’intérêt économique et environnemental d’une diffusion à grande échelle des services d’autopartage et de covoiturage. « En tout état de cause, pour qu’une telle diffusion soit possible, les nouveaux services de mobilité liés à la voiture devront se diversifier et adopter d’autres formes que celles qui existent aujourd’hui » précise l’étude.
L’étude propose huit recommandations
Première recommandation :inciter les collectivités territoriales à investir dans des expérimentations territorialisées de mobilité. Ces recommandations plaident notamment pour le développement de synergies entre les acteurs – nouveaux entrants et professionnels traditionnels – que l’action publique pourrait accompagner.