17 % de la population active française travaille plus d’un jour par semaine en dehors du bureau, en Ile-de-France, ce taux de travail nomade atteint les 25 %. Selon une étude de l’Observatoire économique régional (CROCIS) de la CCI Paris Ile-de-France baptisée «Espaces de coworking et télécentres un nouveau marché très convoité en Ile-de-France », l’Ile-de-France regroupe aujourd’hui 138 tiers-lieux collaboratifs (espaces de coworking, télécentres, ateliers partagés). Selon cette étude, « la possibilité pour des actifs franciliens de travailler à distance pourrait contribuer à désengorger les transports et à limiter la pollution ». Mais l’étude indique aussi qu’aujourd’hui, « seuls 18 % des chefs d’entreprises d’Ile-de-France ont mis en place des actions destinées à aider leurs salariés dans leurs déplacements domicile-travail ».
Si l’Ile-de-France regroupe aujourd’hui 138 tiers-lieux collaboratifs (espaces de coworking, télécentres, ateliers partagés), plus de la moitié des tiers-lieux franciliens sont implantés à Paris, «notamment dans les arrondissements du Nord-Est de la capitale en raison des loyers moins élevés et de la forte présence d’une population d’indépendants, principaux clients des tiers-lieux » expliquent les auteurs de l’étude.
11 millions de déplacements se font par jour dans la région en lien avec le travail
Face aux des temps de trajet domicile travail et de la saturation des transports aux heures de pointe, les lieux tiers collaboratifs sont présentés comme des alternatives. L’étude rappelle les chiffres de l’Observatoire régional de la santé au travail en Ile‐de‐France qui indique que « les usagers des transports franciliens passent en moyenne de 1h30 à 2h30, quotidiennement, dans les transports ». ( …) Les principaux pôles d’emploi franciliens attirent les salariés des autres départements, et notamment les cadres, qui effectuent plus de déplacements que les autres actifs ».
L’étude rappelle également les prévisions avancées par la Caisse des Dépôts « la mise en œuvre d’un réseau de 318 télécentres en Ile‐de‐France d’ici 2025 permettrait d’éviter 77 907 déplacements par jour dans la région. Rapporté au nombre de télécentres construits, le gain annuel lié aux transports est évalué à 1 054 K€ par télécentre construit ».
Les auteurs estiment que « la possibilité pour des actifs franciliens de travailler à distance pourrait contribuer à désengorger les transports et à limiter la pollution et ce, pour la plus grande satisfaction de leurs employeurs puisqu‘on estime qu’un télétravailleur réinvestit en temps de travail 50 % du temps de transport gagné ».
« Ainsi, par exemple, un quart des cadres du pôle de Guyancourt (Yvelines) viennent de Paris ou des Hauts‐de‐Seine. Dans le pôle des Ulis, seuls 37 % des cadres sont essonniens. Ce sont les actifs résidant en grande couronne et travaillant à Paris (ou l’inverse) qui effectuent les plus longs trajets : près de 60 % d’entre eux mettent plus d’une heure à rejoindre leur lieu de travail. Compte tenu des prix des logements dans la capitale, les personnes les moins qualifiées travaillant à Paris sont amenées à effectuer des navettes importantes. Ce sont surtout les résidents de Seine‐et‐Marne qui parcourent des distances beaucoup plus grandes que tous les autres, car le nombre d’emplois offerts est faible par rapport au nombre d’actifs résidents. Ces nombreux déplacements pendulaires s’effectuent de plus aux heures de pointe, provoquant une congestion aussi bien dans les transports publics que sur les routes : 46 % des Franciliens arrivent au travail entre 8h et 9h07. Les trains de la région sont occupés en moyenne à 40 % mais le matin en heures de pointe ils le sont parfois à 200 %, d’où des conditions de transport pénibles, avec une densité de 6 personnes par m2 . Et les infrastructures ne peuvent suivre l’évolution de la demande : selon la SNCF, l’offre de transport ferroviaire a augmenté de 9 % ces dix dernières années, mais la demande a augmenté en parallèle de 23 % et il est prévu que celle‐ci double d’ici 2030 ».
Les tiers-lieux restent méconnus des entreprises franciliennes
Cependant, selon l’enquête cette étude, seuls 18 % des chefs d’entreprises d’Ile-de-France ont mis en place des actions destinées à aider leurs salariés dans leurs déplacements domicile-travail.
« Parmi les 18 % qui ont engagé des actions, une majorité a aménagé les horaires de travail de ses salariés (55 %), 47 % ont mis des véhicules à leur disposition, 26 % ont mis en place le télétravail à domicile. Seuls 9 % ont proposé le télétravail dans un télécentre ou un espace de coworking. Au total, ce sont donc seulement 2 % des entreprises franciliennes qui proposent à leurs salariés de télétravailler dans un télécentre ou espace de coworking. Le marché des tiers-lieux prendrait une tout autre dimension si les grandes entreprises se décidaient à les prendre en compte dans leur stratégie de mise en place du travail à distance ».
Un marché au modèle économique encore flou
Enfin l’étude estime qu’il est encore difficile de déterminer un modèle économique pérenne. « Le succès rencontré par le coworking et la croissance rapide du nombre d’espaces ouverts ont aiguisé l’intérêt des acteurs traditionnels de l’immobilier de bureau et des centres d’affaires (Bouygues, Nexity, Régus, Multiburo,etc.), dont les capacités d’investissement et de communication bien supérieures à celles des petits acteurs à l’origine de ce mouvement. De même, l’éventuelle arrivée sur ce marché d’opérateurs de coworking de dimension internationale (WeWork) pourrait annoncer une nouvelle ère pour les tiers-lieux ».
Pour consulter l’intégralité de l’étude c’est ici
Crédit photo : coworking.aap.lafonderie-idf.fr