Une étude de l’Insee publiée ce mardi passe au crible le recul du budget des automobilistes français depuis la crise de 2008. Le budget automobile des ménages baisse en volume depuis 2008.
En 2013, les ménages ont consacré 124 milliards d’euros à leur budget automobile, soit 11,0 % de leur consommation et 5,9 % du produit intérieur brut. En moyenne, chaque ménage a ainsi dépensé 4 300 euros. Les carburants s’avèrent être le premier poste de dépense en 2013 (31 % du budget automobile). Suivent l’acquisition de voitures neuves ou d’occasion (28 %) et l’entretien du véhicule (27 %). Le poids des autres dépenses liées à l’automobile (assurances, parkings, péages…) est nettement plus faible (14 %).
Depuis la crise économique de 2008, les dépenses liées à l’automobile se replient en volume (- 2,1 % par an entre 2007 et 2013) alors que leur prix augmente deux fois et demie plus vite que celui de l’ensemble de la dépense de consommation (+ 2,5 % en moyenne par an contre + 1,0 %). Contrairement aux récessions précédentes, la dépense automobile continue à reculer plusieurs années après la sortie de récession
Carburant : le premier poste de dépense
Depuis 2012, les carburants sont redevenus le premier poste de dépense dans le budget automobile ; cela n’avait pas été le cas depuis le milieu des années 1970, à l’exception de 2008. En effet, alors que les achats de véhicules, notamment de voitures neuves, sont en baisse, les prix des carburants augmentent à un rythme soutenu depuis 2002 (+ 4,7 % en moyenne par an), en lien avec la hausse du prix du pétrole sur les marchés internationaux.
Dans ce contexte, les ménages limitent leur consommation de carburants en volume (- 1,8 % par an entre 2007 et 2013). Ils s’adaptent de deux façons : d’une part, en s’équipant de véhicules plus économes, bénéficiant ainsi des progrès technologiques, et d’autre part, en modifiant leurs comportements : conduite plus souple, moindre utilisation de leur véhicule, notamment par un recours plus important aux transports en commun, etc.
Les achats d’automobiles pâtissent de la crise de 2008
Très longtemps premier poste de dépense automobile, les acquisitions de voitures neuves ou d’occasion pâtissent de la crise économique depuis 2008. Entre 2007 et 2013, les prix des voitures augmentent à un rythme de 1,2 % par an en moyenne, soit moins vite que les autres postes de dépense automobile. Les prix sont légèrement plus dynamiques dans le neuf que dans l’occasion.
En volume, les achats diminuent de 3,1 % par an. Pourtant, en 2009, la prime à la casse a dopé les immatriculations de voitures neuves (+ 27 % en 2009), au bénéfice principalement des petites cylindrées. En 2010, ces immatriculations conservent un niveau élevé, bien qu’en baisse. En revanche, à partir de 2012, elles chutent à un niveau très bas, inférieur de 18 % à celui de 2007.
Même en perte de vitesse, les voitures neuves diesel restent majoritaires
La préférence des ménages pour les voitures diesel s’atténue depuis plusieurs années : en 2013, 56 % des voitures neuves sont de ce type, contre 71 % en 2008. Sur la période 2008-2012, excepté l’année 2009, les voitures à essence et diesel subissent toutes deux la crise. En revanche, en 2013, les immatriculations de voitures à essence rebondissent (+ 11 %) alors que celles à motorisation Diesel sont toujours en perte de vitesse (- 19 % par rapport à 2012).
Entretenir son véhicule coûte toujours plus cher
En 2013, les ménages ont dépensé 33 milliards d’euros pour l’entretien de leur véhicule. Entretenir son véhicule coûte de plus en plus cher chaque année : depuis 2008, les prix ont crû de 3,0 % en moyenne chaque année, une hausse sensiblement plus vive que celle des prix de l’ensemble de la dépense de consommation (+ 1,0 %). Cette hausse s’explique par la spécialisation accrue de la main-d’œuvre et la complexité des réparations liée à l’électronique embarquée. Ainsi, le prix de la plupart des opérations d’entretien, facturées au forfait, augmente.
Entre 2007 et 2013, les ménages ont acheté globalement moins de pièces détachées (- 2,3 % par an en volume), et notamment de batteries de voiture (- 6,1 % par an), mais plus de pneumatiques (+ 1,9 %). Ils ont également consommé moins de services d’entretien (- 4,0 % par an en volume), probablement en raison du renouvellement du parc automobile, encouragé en 2009 et 2010 par la prime à la casse.
Péages, parkings et assurances sont les principales autres dépenses « automobile »
Les autres dépenses liées à l’automobile (assurance, parkings, péages, etc.) progressent globalement en volume sur la période 2007-2013.
En lien avec le développement du réseau autoroutier payant, les dépenses en services annexes des transports terrestres (péages, parkings) progressent en volume et en prix depuis 2008.
En 2013, 5,6 % du budget automobile des ménages est dédié à l’assurance automobile, soit 7,0 milliards d’euros. Ce montant correspond aux primes versées par les ménages une fois déduites les indemnités reversées par les assureurs lors des sinistres.
Avec 1,9 milliard d’euros en 2013, les cours de conduite et les stages de récupération de points pèsent encore assez peu dans le budget automobile global. Entre 2007 et 2013, toutefois, ce poste est dynamique en volume et en prix.
Enfin, la dépense liée à la location de voiture se replie et sa part dans le budget automobile reste faible, proche de 1 %.
Un ménage rural consacre 11 points de plus à son budget automobile qu’un ménage parisien
En 2011, les ménages possèdent 1,2 véhicule en moyenne 19 % des véhicules ont moins de 4 ans et 40 % ont plus de 10 ans. Un sur deux est utilisé pour les trajets entre le domicile et le travail : cette proportion monte à deux sur trois pour les ménages comprenant au moins un actif. Outre la taille du ménage, l’équipement automobile dépend du niveau de vie du ménage. Les ménages du premier quintile de niveau de vie, soit les 20 % de ménages les moins aisés, sont moins équipés (0,8 voiture par ménage) et 56 % de leurs voitures ont plus de 10 ans ; ils consacrent 4,0 points de moins de leur budget à l’automobile, limitant surtout leurs dépenses en acquisition. À l’inverse, les ménages du cinquième quintile de niveau de vie, soit les 20 % les plus aisés, sont mieux équipés (1,4 voiture par ménage) ; consacrant une part plus importante de leur budget à l’acquisition, ils possèdent des voitures plus récentes (30 % ont moins de 4 ans). La localisation contribue évidemment au niveau de dépense. Avec 0,8 voiture en moyenne, un ménage de l’unité urbaine de Paris consacre 6,8 points de moins que la moyenne à son budget automobile ; il peut plus facilement modérer l’utilisation de son véhicule en utilisant les transports en commun. À l’inverse, un ménage rural y consacre 4,3 points de plus que la moyenne des ménages et 11,1 points de plus qu’un ménage de l’unité urbaine de Paris ; plus équipé (1,6 voiture en moyenne), il dépense également davantage en carburants et en entretien.