Quel avenir pour les nouveaux usages de la voiture ? C’est à cette question que s’est intéressée l’étude Usages novateurs de la voiture et nouvelles mobilités, copilotée par le ministère de l’environnement avec le Pôle interministériel de prospective et d’anticipations des mutations économiques (PIPAME). L’étude évalue le potentiel de développement de ces nouvelles pratiques et propose trois scénarios selon le type d’acteur qui jouerait un rôle moteur (pouvoirs publics, constructeurs automobiles, acteurs du numérique).
Covoiturage, autopartage, «en se développant de manière importante, ces nouveaux usages permettraient une massification sur l’ensemble du territoire » expliquent les auteurs de l’étude. Afin de développer ces nouvelles mobilités, l’étude propose de « multiplier les expérimentations de mobilité alternative dans les territoires, de favoriser l’émergence d’un standard technique à l’ouverture/ fermeture à distance des véhicules et de développer l’interopérabilité entre les différents modes de transport, via des systèmes d’information ouverts et fiables ».
Pour évaluer le potentiel de développement les auteurs ont défini trois scénarios prospectifs de massification de ces usages ? Chacun des scénarios est porté par un type d’acteur dominant : acteurs publics, acteurs de la filière automobile et acteurs des nouvelles mobilités et de l’économie numérique. Ces scénarios s’appuient sur un développement conjoint du covoiturage et de l’autopartage et mobilisent notamment le réservoir de demande existant dans les zones les moins denses.
Scénario 1: l’évolution des nouveaux usages est accompagnée par le couple pouvoirs publics/transports publics dont le but est de renforcer l’intermodalité entre les différents modes de transports en limitant le recours à l’automobile.
Ces nouveaux services restent liés à l’usage de la voiture, mais s’insèrent dans un ensemble plus vaste de solutions de mobilité suivant des critères modulables.
Impacts en matière d’emploi et l’environnement
« Ce scénario est caractérisé par une diffusion homogène des nouveaux services au sein des territoires, mais il paraît fragile, car il exige des investissements publics importants difficilement compatibles avec la situation budgétaire actuelle. Les dépenses de transport des ménages décroissent de 19 %, le parc automobile diminue de 26 %. L’impact négatif sur l’emploi dans l’industrie automobile (- 4 000 emplois) et sur l’emploi associé aux dépenses automobiles (- 62 000 emplois) est limité en raison du renouvellement plus rapide du parc suite à un usage plus intensif des véhicules. Les émissions de CO2 diminuent de 12 % ».
Scénario 2 : les acteurs traditionnels de la filière automobile conservent un rôle clé en diversifiant leur activité et en s’appuyant sur les solutions des nouveaux entrants du numérique.
Ce scénario « continuiste » considère les nouveaux usages de l’automobile comme un enrichissement ou une complexification des offres et usages automobiles. Ces acteurs sont proactifs et viennent compléter et crédibiliser les solutions développées par les nouveaux entrants.
Impacts en matière d’emploi et l’environnement
« Ce semble créer le « meilleur compromis » entre les bénéfices écologiques induits par les nouveaux usages et leur impact sur l’activité et l’emploi de la filière automobile. En termes de dépenses des ménages (- 20 %) et de réduction des émissions de CO2 (-11 %), il est proche du scénario 1, mais il permet une réduction du parc plus importante (-30 %). L’impact net sur l’emploi associé aux dépenses automobiles est négatif (- 64 000 emplois) mais des créations d’emplois se font dans l’industrie automobile (+14 000 emplois). Ce scénario semble plus facilement réalisable, car il correspond à une stratégie possible des professionnels de l’automobile. De plus, la constitution de flottes partagées financées par les particuliers limiterait l’investissement public ».
Scénario 3 : les nouveaux acteurs du numérique développent fortement leurs services ce qui leur permet d’imposer leurs orientations aux acteurs traditionnels notamment à travers leurs plates-formes.
Ce scénario est caractérisé par une forte hausse de la demande de mobilité et de la place de l’automobile.
Impacts en matière d’emploi et l’environnement
« Ce scénario est plus favorable à l’emploi avec un bilan net nul (20000 emplois associés aux dépenses automobiles détruits mais 20 000 emplois créés dans l’industrie automobile). Il génère pour les ménages une baisse des dépenses inférieure à celle des autres scénarios (-7 %) car les nouveaux services se développent fortement dans des zones plus couvertes par l’offre de transports publics. Le développement de ces services, limité territorialement, notamment en zones peu denses, n’a pas d’impact significatif sur les consommations de carburant et les émissions de CO2. Ce scénario permettrait aussi aux collectivités de réduire le financement des transports publics ».
Retrouvez l’intégralité de l’étude ici