Comment tirer profit de sa situation insulaire pour atteindre son objectif d’autonomie énergétique à l’horizon 2030? La Réunion se lance dans un projet d’envergure unique au monde : la création d’un réseau urbain de climatisation à l’eau de mer.
D’autres expériences existent déjà en Polynésie ou à Hawaï, mais à petite échelle. Dans le département français de l’océan indien, le projet est ambitieux, il a pour objectif de climatiser une soixantaine de bâtiments publics et privés (aéroport, université, centres commerciaux…) des zones urbaines de Saint-Denis et Sainte-Marie (nord).
Le système devrait pomper l’eau d’origine polaire des profondeurs de la mer (5° à 1.100 mètres) pour refroidir, via un échangeur thermique, un circuit d’eau douce alimentant les locaux à climatiser. 75% d’électricité sera ainsi économisée.
Piloté par le Syndicat intercommunal d’exploitation des eaux océaniques (Sideo), ce projet présente un coût de 150 millions d’euros dont 90 millions financés par l’Etat. Les travaux commenceront mi-2015 pour une mise en service mi-2017.
Entre 300 à 400 emplois seront crées sur le chantier, notamment pour creuser les 23 kilomètres de tranchées nécessaires pour enfouir les canalisations. Sept kilomètres de canalisations seront nécessaires pour transporter l’eau de mer jusqu’à la côte et 1 km pour la rejeter dans l’océan, après usage.
Au total, huit projets fondés sur l’exploitation de l’énergie marine (houle, énergie thermique, climatisation, osmose) ont été mis à l’étude dans le cadre de la stratégie initiée par la Région et le Grenelle de l’environnement, visant à atteindre l’autonomie énergétique de l’île en 2030.
L’ETM (Energie thermique des mers) pourrait assurer à cette date 20% des besoins électriques de base et remplacer l’équivalent de l’importation actuelle de charbon.
Deux tiers de la production électrique de la Réunion sont aujourd’hui d’origine fossile (charbon et fuel). Environ 20% proviennent des centrales hydrauliques et 10% à 15% de la bagasse (résidus ligneux de la canne), de l’éolien et du solaire.
Source AFP