Comment les recherches en matière de mobilité et d’infrastructures de transports peuvent contribuer à l’adaptation de notre société à la transition écologique ? C’est l’une des problématiques et l’un des axes de recherche de l’ISTTAR. L’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux fête cette année les 40 ans de son implantation à Nantes. A cette occasion, le site de Nantes Bouguenais, sera ouvert au public ce week-end.
L’opération est baptisée Les Décennies de l’Ifsttar et a pour vocation de regrouper sous une bannière commune l’ensemble des projets menés sur ses différents sites de l’Institut. La première manifestation a lieu sur le site de Nantes-Bouguenais, le second plus important en nombre d’agents après le site siège de Marne la Vallée. Le grand public est donc invité à venir découvrir 40 ans de recherche scientifiques, samedi 19 et dimanche 10 septembre. Voir ici le programme.
Le manège de fatigue
Il pourra notamment visiter les laboratoires et découvrir de nombreux équipements scientifiques comme le manège de fatigue, un simulateur de trafic, permettant d’étudier le comportement en vraie grandeur des chaussées sous trafic lourd accéléré. Les essais accélérés sur manège permettent de tester en temps réduit la durabilité de solutions constructives, en général destinées sur chaussées à des durées de vie de l’ordre de 20 à 30 ans.
Un bitume en micro-algue ?
Le public pourra également découvrir quelques-uns des projets phares de l’IFSTAR. Les chercheurs ont réussi, par exemple, à produire en laboratoire un composant proche du pétrole grâce à des micro-algues. Ce projet baptisé ALGOROUTE pourrait, un jour, révolutionner la fabrication du bitume. « La culture des micro-algues présente un double avantage par rapport aux plantes aériennes : d’une part, elle a de très forts rendements en biomasse et d’autre part, elle n’entre pas en compétition avec les productions liées à la nutrition humaine» explique Emmanuel Chailleux chercheur à l’ifsttar à l’origine et coordinateur du projet.
Le bio-bitume a été produit en valorisant des résidus de micro-algues, issus par exemple de l’extraction de protéines hydrosolubles des algues pour l’industrie cosmétique. Ils ont utilisé un procédé de liquéfaction hydrothermale, plus simplement de l’eau sous pression (à l’état sous-critique) : celui-ci transforme ces déchets de micro-algues en une phase visqueuse noire hydrophobe (bio-bitume) ayant un aspect proche de celui d’un bitume pétrolier (voir la figure). Ce procédé est réalisé avec un rendement de conversion actuel de 55%.
Cette innovation apporte une nouvelle option potentielle pour l’industrie routière, actuellement entièrement dépendante du pétrole. Jusqu’à présent, les bio-bitumes développés intégraient des huiles d’origine agricole (avec l’inconvénient d’entrer en compétition avec la nutrition humaine) ou issues de l’industrie papetière, mélangées à des résines pour améliorer leurs propriétés viscoélastiques. Utiliser des micro-algues, dont la culture ne nécessite pas la mobilisation de terres arables, présente donc une solution attractive.
Voir ici la présentation du projet
Relire dans ce blog les articles sur l’IFSTTAR :
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Projet PRIS : Comment faire cohabiter les cyclistes et les piétons? –